Moi Jeanina, adolescente "An tan Sorin" - Anecdotes historiques



L'auteur raconte des anecdotes sur l'adolescence de sa mère Jeanina "An tan Sorin". Le temps de Sorin, fait référence à la période pendant laquelle, le gouverneur Constant Sorin était nommé en Guadeloupe pendant le régime de Vichy

J'ai rencontré l'auteur pendant le salon du livre de Paris cette année et j'ai pu discuter un peu avec elle. Étant moi même des DOM, il me semblait important d'en découvrir un peu plus sur cette période difficile qu'a été le régime de Vichy et plus précisément le "Tan Sorin" en Guadeloupe. J'avais déjà eu vent de quelques anecdotes par ma grand-mère et c'était l'occasion d'approfondir un peu les choses.

Avant de parler du contenu du livre, j'aimerais m'attarder sur la présentation. Les éditions Nestor sont spécialisées dans les écrits caribéens (Guadeloupe, Martinique, Guyane etc..) pour les petits et les grands. Je trouve que leur catalogue est très varié avec des romans, des livres humoristiques ou des témoignages. En revanche, j'ai été un peu déçue par la mise en page du livre. Les capitales et l'italique sont utilisés bien trop souvent ce qui rend la lecture un peu pénible au lieu de la clarifier. 
J'ai tout de même apprécié que la plupart des mots en créole soient traduits, même si certains d'entre eux ont échappé à la vigilance de l'auteur/éditeur. 

Au début du récit, l'auteur fait un retour sur les faits historiques ce qui permet de vraiment se situer dans l'Histoire. La France de la seconde guerre mondiale est largement étudiée à l'école mais qu'en est-il des DOM ? Eh bien ici, Claudine Ambrosio se propose de lever le voile. Elle revient sur la vie de sa mère à travers quelques anecdotes et un peu d'humour.

" Comme le ridicule ne tue pas, les politiciens sont restés bien vivants ! "

J'ai tout de même l'impression qu'on ne va pas vraiment au fond des choses. Le récit reste très factuel et l'auteur reste en surface sans vraiment qu'il y ait une valeur émotionnelle ou même une analyse des faits racontés. L'écriture est un peu brouillonne parfois. Je pense qu'il faut le prendre plutôt comme un carnet de notes contenant les souvenirs d'une époque qui a laissé un souvenir indélébile à ceux qui l'ont vécue.

Cela reste tout de même très intéressant de découvrir comment était la vie sous la gouvernance de Sorin. Le rationnement était de rigueur en Guadeloupe comme ailleurs. Il y avait des cartes de ravitaillement qui indiquait la quantité de denrées pour chaque famille. Le fait d'être sur une île ne rendait pas forcément les choses plus faciles. 
Claudine Hazaël aborde de nombreuses thématiques comme la place des femmes à l'époque, la difficulté à se nourrir, et toute la communication autour du maréchal Pétain qui devait être considéré comme un "père".

La question très complexe de l'identité est évoquée et cela rejoint pas mal mes propres réflexions sur le sujet. La difficulté de se construire en tant qu'individu quand on est à la croisée de plusieurs communautés. Car on est pas seulement guadeloupéen, on est aussi antillais, caribéens et bien sûr français. L'impression de faire partie d'un pays tout en étant considéré comme partie annexe de celui-ci.

Au final, pour un livre censé laisser une trace pour les générations futures, je le trouve un peu léger mais il reste très bien comme introduction sur le sujet. De plus, les photos anciennes, insérées dans le récit, lui apporte un côté visuel en plus du témoignage écrit. 

Un témoignage fort sympathique sur une époque très marquante pour la Guadeloupe et les DOM en général. A tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur le "tan Sorin".


Moi, Jeanina, adolescente "an tan Sorin" - Claudine Hazaël-Ambrosio
Nestor, 80 pages

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