Dépasser ses limites ?

crédit photo : junki72
Je vous retrouve avec grand plaisir aujourd'hui pour vous parler d'un sujet un peu particulier. Récemment, j'ai eu l'occasion d'assister à une conférence plutôt intéressante sur l'ultra trail et cela m'a fait beaucoup réfléchir. Je voulais donc partager mes réflexions avec vous et surtout avoir votre avis sur le sujet...

J'ai donc assisté à une conférence de Nathalie Mauclair qui a décidé, le jour de ses 40 ans de se lancer un défi : faire de l'ultra trail. Depuis, elle a participé à de nombreuses courses, et son palmarès est très impressionnant. J'avais déjà entendu parler du trail mais je ne connaissais pas du tout l'ultra trail. Alors, si vous êtes comme moi, voici l'instant culture générale. L'ultra trail est une compétition sportive en milieu naturel avec plusieurs particularités : la longueur est bien supérieure au marathon (au minimum 80 kilomètres mais les courses les plus connues font des centaines de kilomètres) et il peut y avoir plus ou moins de dénivelé. Ces courses sont donc particulièrement difficiles et éprouvantes aussi bien physiquement que mentalement.

Nathalie Mauclair est donc une experte de l'ultra trail et cette année elle a été accompagnatrice pour un participant du "Thor des Géants". Le Thor des géants c'est plus de 330km de course, 24 km de dénivelé positif en 150 heures maximum. Les coureurs traversent donc 25 cols à plus de 2000m d'altitude. Ils dorment peu et ils ont quelques bases de ravitaillement pour manger et se faire soigner, si besoin. Le reste du temps, ils sont seuls dans la nature. C'est une aventure incroyable mais très dangereuse, le manque de sommeil crée des hallucinations et la moindre baisse d'attention peut s'avérer fatale. Il s'agit vraiment de dépasser ses limites. Les limites physiques, parce que le corps est extrêmement sollicité et les limites mentales parce qu'il faut s'accrocher, malgré la douleur et l'envie d'abandonner.  Tous les coureurs ne franchissent pas la ligne d'arrivée, pour cause de blessures ou de fatigue mais l'édition de cette année a également coûté la vie à l'un des participants.

La vidéo officielle de l'édition de 2017

La première question qui vient à l'esprit quand on entend tout cela c'est "pourquoi ?" Pourquoi soumettre son corps à des conditions si extrêmes ? Pourquoi risquer son bien-être physique (et sa vie) pour une course ? Ces personnes cherchent à dépasser leurs limites. Le mental peut bel et bien permettre d'oublier la douleur, oublier les ampoules, les genoux en vrac ou le manque de sommeil. Ils expliquaient qu'en réalité, l'ultra trail était plus une course mentale que physique. Quand tous les organes sont mis à rude épreuve, la volonté d'arriver au bout (pour des raisons diverses et variées d'ailleurs) est le seul et unique moteur des coureurs. Personnellement, même si j'ai énormément de respect pour ce qu'ils ont réalisé je sais que je ne pourrai jamais tenter ce genre d'expérience sportive. Parce que j'aime beaucoup trop mon corps pour le soumettre à de telles conditions.

En revanche, il y avait quelque chose à tirer de leur expérience, au delà de l'aspect sportif. Vous n'avez pas envie de courir pendant plusieurs jours mais vous avez peut-être un autre objectif à atteindre ? L'un des participants nous a notamment parlé de l'idée de "trouver son Everest". Il s'agit d'un objectif qui semble insurmontable, qui demande un effort particulier, une implication totale et qui procure une grande satisfaction une fois qu'il a été atteint. Avant, mon Everest était ma thèse. Travailler trois ans sur un sujet, rédiger un document de 250 pages et présenter ce travail devant un jury (et accessoirement devant ma famille et mes amis) me semblait impossible. Je ne suis me suis jamais considérer comme une personne qui possédait un mental d'acier et pourtant, à force de travail, de sacrifices et de nuits blanches, j'ai réussi. Je me suis surprise à aller au delà de ce que je pensais réalisable et j'en ai été très heureuse.

Les projets les plus gratifiants doivent-ils forcément se réaliser dans la douleur ? Pas forcément mais je pense que l'on tire bien plus de satisfaction d'une situation quand celle-ci nous a demandé des efforts et de la persévérance. Attention, je ne parle pas de valeur mais bien de satisfaction. Un objectif réalisé dans l'effort a autant de valeur qu'un autre mais j'ai l'impression que le soulagement et la joie à la fin sont plus intenses. L'erreur serait de comparer nos objectifs à ceux des autres. Je pense que tout le monde peut (et devrait) avoir un Everest mais il est personnel à chacun ("réussir ses examens" est un objectif tout aussi important que "réaliser son premier film" par exemple).

Alors si je devais personnellement répondre à la question du titre, je dirais OUI. Il faut dépasser ses limites ou en tout cas essayer de les dépasser. MAIS nous sommes les seuls à pouvoir décider quelles limites, pourquoi et comment on les dépasse, et surtout quand on abandonne, parce que l'échec est une part tout aussi importante de notre expérience de vie.

Voilà, je voulais partager avec vous ces quelques réflexions. N'hésitez pas à me donner votre avis sur le sujet. Êtes-vous adepte des objectifs sportifs ou privilégiez-vous d'autres domaines ? Quel est votre Everest ? Que pensez-vous de cette idée de dépasser ses limites ?

A vite, 
Em. 

Ps: Dans cet article je ne fais pas allusion aux troubles mentaux (anxiété, dépression, phobies, etc...) qui sont des maladies et qui ne peuvent être soignées par une simple volonté mentale. Dire à un dépressif de dépasser ses limites pour sortir de sa souffrance n'aurait bien évidemment aucun sens...

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